Global Conflict Tracker

Développements récents

La violence dans l’est et l’ouest de la République centrafricaine (RCA) a augmenté et s’est étendue à de nouvelles provinces en 2018, alors que le gouvernement de Bangui reste incapable d’étendre son contrôle en dehors de la capitale. Un accord de paix signé en juin 2017 entre le gouvernement et treize des quatorze principales factions armées a eu peu d’effet, et les milices ex-Seleka et anti-balaka ainsi que des centaines d’autres groupes localisés opèrent ouvertement et contrôlent pas moins des deux tiers du territoire de la RCA.

En avril 2018, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et les forces de sécurité gouvernementales ont lancé une opération pour désarmer une milice dans le quartier PK5 de Bangui, une enclave majoritairement musulmane dans la ville majoritairement chrétienne. Après que des rumeurs se soient répandues selon lesquelles les casques bleus avaient l’intention de désarmer tous les musulmans, les rendant ainsi vulnérables aux attaques des groupes armés chrétiens, de violents affrontements ont éclaté, faisant plus de vingt morts, dont un casque bleu, et près de cent cinquante blessés. Quelques jours plus tard, des manifestants ont déposé les corps de seize personnes tuées dans les violences devant le siège de la MINUSCA à Bangui, accusant les casques bleus d’avoir tiré sur des civils.

Au cours des semaines suivantes, les violences se sont étendues en dehors du PK5, des attaques de représailles ayant été menées à la fois par les ex-Seleka et les milices anti-balaka. En mai 2018, des hommes armés ont attaqué une église à Bangui, tuant seize personnes dont un prêtre ; plusieurs mosquées ont été attaquées en représailles. Des dirigeants de l’ex-Seleka se sont réunis dans le nord de la RCA et ont menacé d’attaquer la capitale, ce qui a incité la MINUSCA à renforcer la sécurité autour de la ville.

Contexte

Depuis son indépendance en 1960, la RCA a connu des décennies de violence et d’instabilité. Une insurrection menée par la Seleka (ou « alliance » en sango) – une coalition de groupes armés, principalement musulmans – a entraîné une grave détérioration de l’infrastructure de sécurité du pays et une aggravation des tensions ethniques. Les combattants de la Seleka ont lancé une offensive contre le gouvernement centrafricain en décembre 2012, et ont à la fois pris la capitale Bangui et organisé un coup d’État en mars 2013. En réponse à la brutalité des forces de la Seleka, des coalitions « anti-balaka » (signifiant « invincible » en sango) de combattants chrétiens se sont formées pour mener des violences de représailles contre les combattants de la Seleka, ajoutant à la violence un élément d’animosité religieuse qui était auparavant absent.

En septembre 2013, les forces anti-balaka ont commencé à commettre des attaques de vengeance généralisées contre des civils majoritairement musulmans, déplaçant des dizaines de milliers de personnes vers les zones contrôlées par la Seleka dans le nord. Les forces de la Seleka ont été dissoutes par le gouvernement peu après le début des attaques de vengeance, mais de nombreux ex-membres de la Seleka ont commencé à commettre des contre-attaques, plongeant la RCA dans un état de violence chaotique et une crise humanitaire qui s’en est suivie. Depuis le début de la reprise du conflit en 2013, des milliers de personnes ont été tuées et près de 575 000 réfugiés ont été déplacés, dont la majorité a fui vers le Cameroun et la République démocratique du Congo voisins.

Malgré l’optimisme après l’élection du président Faustin Archange Touadera au printemps 2016, la crise n’a fait que s’intensifier. Une partition territoriale de facto a conduit à une pause dans les combats entre musulmans et chrétiens, mais les combats entre factions de l’ex-Seleka se sont multipliés. Bien que le gouvernement garde le contrôle de Bangui, la plupart des groupes armés ont boycotté les tentatives du président Touadera de calmer la région par le désarmement, laissant le gouvernement impuissant en dehors de la capitale. L’anarchie dans le reste du pays a permis aux groupes armés de prospérer et les combats se sont intensifiés dans les provinces du centre, de l’ouest et de l’est. Le conflit a également fait des ravages sur l’économie, paralysant le secteur privé et laissant près de 75 % de la population du pays dans la pauvreté.

Les rapports des groupes de défense des droits de l’homme et des agences de l’ONU suggèrent que les crimes commis tant par les forces de l’ex-Seleka que par les groupes anti-balaka s’apparentent à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. En raison de l’ampleur de la crise, le Conseil de sécurité de l’ONU a établi une force de maintien de la paix en avril 2014 qui a incorporé les forces de l’Union africaine et de la France qui avaient été déployées en RCA auparavant. La MINUSCA a été créée, avec pour mandat de protéger les civils et de désarmer les milices, et compte actuellement près de quinze mille casques bleus opérant à l’intérieur de la RCA. La MINUSCA est confrontée à des défis importants pour remplir son mandat de protection des civils et de démantèlement des groupes armés, principalement en raison du manque d’infrastructures et de la réticence à utiliser la force militaire. De nombreuses attaques ont également été menées contre les Casques bleus et les travailleurs humanitaires ; quinze Casques bleus ont été tués en RCA en 2017 et six Casques bleus ont été tués dans des attaques menées par divers groupes armés en 2018.

Concernations

Les États-Unis soutiennent depuis longtemps la croissance économique, l’état de droit et la stabilité politique en RCA, et ils restent préoccupés par les niveaux élevés de violence et l’aggravation de la crise humanitaire. Une nouvelle détérioration de l’environnement sécuritaire augmentera la violence sectaire et les débordements continueront à déstabiliser la région, posant des défis pour mettre fin aux conflits dans les pays voisins, le Soudan du Sud et la République démocratique du Congo.

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