Frédéric Guillaume Ier (Prusse) (1688-1740 ; régné 1713-1740)

FREDERICK WILLIAM IER (PRUSSIE) (1688-1740 ; régné 1713-1740), roi de Prusse. Le 25 février 1713, Frédéric Guillaume succède à son père Frédéric Ier comme roi de Prusse. Il monte sur le trône en pleine guerre et en pleine paix, car la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714) touche à sa fin et les négociations de paix complexes entre toutes les puissances européennes ont commencé alors que les combats se poursuivent. Il monta sur le trône à un moment difficile, rempli à la fois de dangers et d’opportunités.

Frédéric Guillaume Ier, qui fut connu sous le nom de Soldatenkönig (« roi soldat »), apporta à la difficile tâche de gouverner la personnalité d’un sergent instructeur – notamment un mauvais caractère combiné à une vulgarité générale. Autocrate né, il aimait faire passer des examens à sa garde du palais et faire des blagues grossières. Il passait ses heures les plus heureuses avec ses amis militaires dans le Tabakskollegium, où les hommes parlaient boutique, fumaient et buvaient, et racontaient des blagues paillardes. Mais à cela s’ajoutent une immense capacité de travail et une compréhension aiguë du véritable fondement des territoires éparpillés et appauvris de la Prusse. Ce fondement, c’est l’armée. Il a hérité d’une armée d’environ 30 000 soldats mal équipés et mal entraînés, et il l’a progressivement transformée en une armée superbement équipée, logée et entraînée de plus de 80 000 hommes. C’était, à sa mort, la meilleure armée d’Europe et l’une des plus grandes. Pour la payer, Frédéric-Guillaume Ier réduit les dépenses à l’extrême et gère le fisc royal, ou trésor, avec soin. Grâce à une machine à collecter les impôts qui devint progressivement la plus efficace d’Europe, Frédéric-Guillaume doubla ses revenus, passant de 3,5 millions de thalers en 1715 à plus de 7 millions en 1740. Il gère les dépenses avec un soin si impitoyable que les domaines royaux passent de pertes à gains, et que même le système postal réalise des bénéfices. Cette augmentation des revenus permet de soutenir une armée toujours plus nombreuse. Il avait hérité de son père un État en faillite et une armée épuisée, mais il laissa à son fils Frédéric le Grand (qui régna de 1740 à 1786) un trésor plein et une armée puissante. Peu de monarques européens recevront un héritage aussi utile.

Les principales contributions de Frédéric-Guillaume à la croissance du pouvoir prussien concernent les tâches peu glorieuses et quotidiennes de l’administration. Pour placer toutes les grandes fonctions du gouvernement sous une supervision centralisée, Frédéric-Guillaume crée en 1722 le General-Ober-Finanz-Kriegsund Domänendirektorium, connu sous le nom de Generaldirektorium (Directoire général). Il fonctionnait comme un conseil d’administration, dont toutes les décisions étaient examinées par le roi. La politique royale permanente, que le Directoire général administrait et initiait, suivait le modèle standard de l’absolutisme du XVIIIe siècle : centralisation des décisions administratives et politiques entre les mains du roi et uniformité de l’application de la loi et de l’administration dans toutes les classes et provinces. Ce sont là les objectifs du gouvernement partout au cours du XVIIIe siècle, mais nulle part en Europe ils n’ont été poursuivis avec autant de succès et d’acharnement qu’en Prusse. Au moment de sa mort, en mai 1740, Frédéric-Guillaume Ier avait rassemblé, à force de détermination, de persévérance et d’attention aux principaux éléments du pouvoir royal, l’État le plus efficace et le mieux organisé d’Europe.

En politique étrangère, Frédéric-Guillaume Ier s’est montré tout aussi tenace pour accroître la taille et la puissance de la Prusse, mais il a essayé d’y parvenir par la diplomatie. Son armée constituait une menace potentielle constante pour ses voisins, mais Frédéric-Guillaume préférait de loin la paix. Il aimait trop son armée pour la voir endommagée dans une guerre prolongée. L’objectif de la diplomatie était toujours le même. Frédéric-Guillaume souhaite annexer le plus possible les possessions baltiques d’une Suède en déclin, en particulier le port de Stettin et la province de Poméranie. Il s’allie avec la Russie, il déserte la Russie, il fait des raids sur la Suède, il fait la paix avec la Suède. Il a menacé la Suède et il a finalement, en 1720, acheté Stettin et la Poméranie à la Suède pour deux millions de thalers. Il pouvait se le permettre.

La politique suivie par Frédéric-Guillaume Ier, bien que rigide et souvent appliquée durement, était néanmoins nécessaire au bien-être de la Prusse et des Prussiens. La paix était le premier besoin de l’État. Au cours de la décennie précédant 1713, la Prusse avait participé à la Grande Guerre du Nord et subi toutes les destructions que des armées en maraude et des bandes de déserteurs pouvaient infliger. Frédéric a apporté près d’un quart de siècle de paix à un pays pauvre, lui donnant une chance de se rétablir. Au-delà de la paix, le roi a progressivement fait du gouvernement prussien le plus honnête et le plus efficace d’Europe. Les nobles perdirent leurs privilèges, mais beaucoup obtinrent des postes dans l’armée ou l’administration civile. Enfin, Frédéric-Guillaume pose les bases de la puissance de la Prusse, qu’il construit autour de l’armée, et qui devient la base de la création d’une Allemagne unifiée au siècle suivant.

Voir aussi Frédéric II (Prusse) ; Allemagne, idée de ; dynastie des Hohenzollern ; guerres du Nord ; Prusse ; Succession d’Espagne, guerre de (1701-1714) .

BIBLIOGRAPHIE

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James D. Hardy, Jr.

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