Forme et fonction

Coloration

Les couleurs et les motifs colorés observés chez les serpents sont souvent vifs et parfois spectaculaires. Les couleurs des serpents sont produites de deux manières, soit par un pigment déposé dans la peau, soit par une diffraction différentielle de la lumière, conséquence des propriétés physiques de la peau elle-même. Lorsqu’ils sont observés sur un fond unicolore ou uniforme, la plupart des serpents sont évidents, et leurs motifs colorés semblent audacieux et proéminents. Toutefois, lorsque les animaux sont placés dans leur habitat naturel, la signification des motifs de couleur devient évidente. Les nombreuses lignes qui forment des angles aigus avec les lignes allongées du corps, les triangles ou rectangles de couleur, les taches, les points, les bandes ou les losanges – tout cela devient très perturbant pour l’œil, et le serpent disparaît dans son environnement. Les serpents tachetés ou mouchetés ont tendance à être sédentaires et corpulents, tandis que les serpents rayés et les serpents unicolores occasionnels sont généralement des espèces actives. Dans les deux cas, la coloration est protectrice, car un serpent sédentaire enroulé voit le contour de son corps complètement masqué par les motifs qui se chevauchent, tandis que les rayures sur un serpent rampant éliminent la sensation de mouvement jusqu’à ce qu’elles se rétrécissent soudainement au bout de la queue et que le serpent disparaisse.

vipère arboricole

Vipère arboricole à lèvres blanches (Trimeresurus albolabris).

© Rushen/Thai National Parks (www.thainationalparks.com/kaeng-krachan-national-park)

Bien que chez la plupart des serpents les couleurs soient telles qu’elles aident l’animal à se cacher, il existe certaines espèces qui semblent annoncer leur présence plutôt que de chercher à la cacher. Leurs motifs sont aposématiques, ou avertisseurs, par nature, et ils font savoir à un ennemi ou à un prédateur potentiel qu’il court un certain risque en rencontrant le serpent. L’avertissement n’est efficace, bien sûr, que si l’intrus est conscient de sa signification et peut en tenir compte. Cela implique une séquence d’enseignement et d’apprentissage, avec le serpent dangereux comme « professeur » et le prédateur comme « élève ». Pour cette raison, il a été suggéré que les couleurs vives des serpents coralliens hautement (et souvent mortellement) venimeux n’ont pas évolué comme des avertissements de leurs propres toxines, mais comme des imitations d’autres espèces venimeuses, moins dangereuses mais néanmoins capables d’enseigner au prédateur la signification de la coloration d’avertissement. Rien ne prouve que l’évitement des espèces aposématiques soit instinctif ; au contraire, les prédateurs naïfs tentent volontiers de prendre des formes aposématiques. Un prédateur qui meurt lors de sa première rencontre avec une espèce dangereuse ne peut pas agir comme une force sélective favorisant la coloration de cette espèce. Il existe un certain nombre de serpents à pattes arrière légèrement venimeux, avec des bandes rouges, noires et jaunes (couleurs que l’on retrouve chez les serpents coralliens), qui peuvent faire subir à un prédateur une leçon suffisamment douloureuse pour qu’il évite tout contact avec des serpents de couleur similaire, y compris les serpents coralliens mortellement venimeux et les serpents de lait (Lampropeltis) et le serpent écarlate totalement inoffensifs. (Pour une discussion complète de l’évolution du mimétisme, voir mimétisme : L’évolution du mimétisme.)

serpent écarlate

Serpent écarlate (Cemophora coccinea).

Hal H. Harrison-Grant Heilman/Encyclopædia Britannica, Inc.

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