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Vie et carrière médicale

Rene Theophile Hyacinthe Laënnec (figure 3 ▶) est né à Quimper en Bretagne, en France, le 17 février 1781. Il a 5 ans lorsque sa mère succombe à la tuberculose. Son père, un avocat, ne peut pas s’occuper de lui et il va donc vivre avec son grand-oncle, l’abbé Laënnec. Enfant, la santé de Laënnec n’est pas bonne ; il souffre de lassitude et de périodes occasionnelles de pyrexie et on le croit asthmatique. Il trouve une consolation dans la musique et passe son temps libre à jouer de la flûte et à écrire des poèmes. Tout au long de sa carrière professionnelle à Paris, lors d’exacerbations de ses symptômes respiratoires, il se réfugiait dans la campagne bretonne pour profiter de l’air frais et revigorant. Laënnec a reçu une bonne éducation classique et est devenu très versé en grec et en latin.1

Portrait de René Théophile Hyacinthe Laënnec (1781-1826). Photo reproduite avec l’aimable autorisation de la US National Library of Medicine.

À l’âge de 12 ans, il se rend à Nantes où son oncle, le docteur Guillaume François Laënnec (1748-1822), est doyen de la faculté de médecine de l’université. Malgré les temps agités de la Révolution française, Laënnec réussit dans ses études, apprend l’anglais et l’allemand à fond et obtient plusieurs prix. Laënnec a été inspiré par son oncle pour poursuivre une carrière en médecine. En 1795, à l’âge de 14 ans, Laënnec aide déjà à soigner les malades et les blessés à l’Hôtel Dieu de Nantes. A 18 ans, il sert à l’hôpital militaire de Nantes avec le grade de chirurgien de troisième classe et peu après, il passe à l’Hospice de la Fraternité se familiarisant, très jeune, avec les travaux cliniques, les pansements chirurgicaux et le traitement des malades.1

Laënnec commence ses études de médecine à Nantes sous la direction de son oncle et est nommé chirurgien à l’Hôtel Dieu de Nantes en juin 1799 à l’âge de 18 ans. En 1800, Laënnec se rend à Paris et entre à l’École pratique de Paris où il étudie la dissection dans le laboratoire de Guillaume Dupuytren (1777-1835), où sont introduites la pathologie macroscopique en chirurgie et la notion de maladie et sa comparaison avec les conditions anatomiques. Parmi les termes inventés, citons la contracture de Dupuytren, un épaississement de l’aponévrose palmaire entraînant un repli de l’annulaire et de l’auriculaire dans la paume de la main et empêchant leur extension ; l’abcès de Dupuytren, un abcès de la fosse iliaque droite ; et le bandage de Dupuytren, une attelle métallique servant à fixer un os fracturé dans différentes positions. Laënnec a eu la chance d’étudier également avec des professeurs célèbres tels que Gaspard Laurent Bayle (1774-1816), Marie François Xavier Bichat (1771-1802), Jean-Jacques Leroux de Tillets (1749-1832) et Nicolas Corvisart des Marest (1755-1821), médecin de vie de Napoléon.

Dans l’année qui suit son entrée à l’École pratique, Laënnec obtient les premiers prix de médecine et de chirurgie de l’école de médecine. L’année suivante, en juin 1802, il publia son premier article et, alors qu’il était encore étudiant, il publia un certain nombre d’articles sur des sujets aussi notables que la péritonite, l’aménorrhée et les maladies du foie.1 Il fut également rédacteur du Journal de Médecine.

A mesure que sa réputation augmentait, il commença à donner des cours privés d’anatomie morbide pour compléter ses revenus. Bien que souffrant d’asthme, il travailla dur et annonça sa classification des lésions anatomiques en types encéphaloïde et cirrhoïde. Il découvre également que la lésion tubéreuse peut être présente dans tous les organes du corps et qu’elle est identique à celle que l’on croyait jusqu’alors limitée aux poumons. Il ne s’est toutefois pas rendu compte que cette affection était infectieuse. En 1804, Laënnec obtient sa licence de médecine avec une thèse intitulée « Propositions sur la doctrine d’Hippocrate, relativement à la médecine pratique ». En juillet 1804, il devient associé de la Société de l’École de Médecine.

Des troubles familiaux, la mort de son oncle des suites d’une tuberculose, des difficultés financières ajoutées à sa rupture avec Dupuytren perturbent la continuité des travaux de Laënnec et provoquent une dégradation de sa santé. Il se rétablit en allant en Bretagne et, à son retour à Paris, devient rédacteur-actionnaire du Journal de Médecine. Bien que sa pratique privée se développe, Laënnec est déçu de ne pas être nommé médecin-chef dans les grands hôpitaux de Paris. De sa propre initiative, il fonde l’Athénée Médical en 1808, qui fusionne ensuite avec la Société Académique de Paris. Peu après, il est nommé médecin personnel du cardinal Joseph Fesch (1763-1839), l’oncle de Napoléon Ier, mais le cardinal est exilé après la chute de Napoléon en 1814. Pendant cette période, Laënnec a écrit plusieurs articles sur l’anatomie pathologique.

Alors que la France était en guerre (1812-1813), Laënnec a pris en charge les salles de la Salpêtrière réservées aux soldats bretons blessés.6,7 Après le retour de la monarchie en 1816, Laënnec s’est finalement vu offrir, et a accepté avec plaisir, un poste de médecin à l’hôpital Necker à Paris, où sa contribution la plus importante à la médecine serait réalisée. Cependant, en raison d’animosités personnelles, ce n’est qu’en juillet 1822 qu’il est nommé à la chaire et au poste de professeur de médecine au Collège de France. En janvier 1823, il devient membre titulaire de l’Académie de médecine française et professeur à la clinique médicale de la Charité. En tant que conférencier, il acquiert une renommée internationale, avec parfois jusqu’à 50 médecins qui attendent son arrivée à l’hôpital de la Charité. Laënnec était connu pour sa gentillesse, était aimé de ses collègues et de ses étudiants, et était particulièrement obligeant envers ses étudiants anglophones. En août 1824, il est fait chevalier de la Légion d’honneur. Avec ces honneurs, sa pratique privée s’est encore accrue et a bientôt inclus de nombreuses personnes distinguées.

Comme on pouvait s’y attendre de par sa naissance et sa formation bretonne, il était intensément religieux et a été un fervent catholique toute sa vie. Laënnec a épousé Mme Argon en 1824, deux ans seulement avant sa mort prématurée à l’âge de 45 ans. Il n’a pas eu d’enfant, sa femme ayant fait une fausse couche.

Laënnec voit sa santé se détériorer et il s’affaiblit progressivement, bien qu’il nie que son état physique puisse être dû à une consomption, nom populairement utilisé pour décrire la phtisie ou la tuberculose.1 En mai 1826, la fièvre, la toux productive et l’essoufflement sont incessants et l’obligent à quitter Paris pour ne plus jamais y revenir. Le climat de la Bretagne a apporté une amélioration temporaire de sa santé, mais il est mort plus tard cette année-là.

Durant ces derniers mois, il a demandé à son neveu, Mériadec, d’ausculter sa poitrine et de décrire ce qu’il entendait. Les résultats de l’auscultation étaient aussi alarmants que familiers pour ce grand médecin thoracique qui avait entendu les mêmes sons des milliers de fois auparavant. Grâce à sa propre invention, il ne pouvait plus échapper à la vérité ironique qu’il était en train de mourir d’une tuberculose cavitaire – la maladie que Laënnec avait aidé à élucider et à comprendre avec son stéthoscope allait bientôt lui coûter la vie. Dans son testament, Laënnec lègue à Mériadec tous ses articles scientifiques, ainsi que sa montre et sa bague, et « surtout, mon stéthoscope, qui est la meilleure partie de mon héritage. » Laënnec meurt à Kerlouanec le 13 août 1826 à l’âge de 45 ans.

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