Une tasse de thé fait partie de la routine quotidienne de nombreuses personnes au Royaume-Uni. Mais les boissons chaudes ont fait les gros titres aujourd’hui, avec une nouvelle recherche qui a déclenché des affirmations selon lesquelles le thé chaud « double le risque de cancer de l’œsophage ».
La principale conclusion de l’étude, financée en partie par Cancer Research UK, n’est pas nouvelle. La consommation de boissons très chaudes peut augmenter le risque de cancer de l’œsophage, et cette étude ajoute aux preuves limitées en étudiant un grand groupe de personnes en Iran.
Mais à quel point est-ce chaud ? Et faut-il s’inquiéter de ce risque accru ?
Qu’a fait l’étude ?
L’étude, publiée dans l’International Journal of Cancer, a inclus des personnes vivant en Iran et les a interrogées sur leurs habitudes de consommation de thé, en mesurant la température à laquelle elles préféraient boire le thé au début de l’étude.
Les chercheurs ont revu ces personnes 10 ans plus tard en moyenne pour voir combien d’entre elles avaient développé un certain type de cancer de l’œsophage. Et si leurs habitudes de consommation de thé jouaient un rôle dans le développement de ce cancer.
Qu’a montré l’étude ?
Les personnes qui préféraient boire leur thé à 60C (140F) ou plus présentaient un risque accru de cancer de l’œsophage, par rapport à celles qui préféraient boire leur thé à moins de 60C. Le risque de cancer de l’œsophage peut dépendre de nombreux facteurs et l’étude ne les a pas tous examinés. Les chercheurs ont examiné si les personnes avaient déjà fumé ou étaient des fumeurs actuels, mais pas combien elles avaient fumé, ni pendant combien de temps. Ils n’ont pas non plus examiné en détail leurs habitudes alimentaires, qui peuvent également affecter le risque de cancer de l’œsophage.
Lorsque les nouvelles disent que le thé chaud « double le risque de cancer de l’œsophage » ou l’augmente « de 90% », il est important de se rappeler qu’il s’agit de risques relatifs et qu’ils doivent être traités avec prudence, comme nous l’avons déjà blogué.
Pour vraiment comprendre le risque, il faut le mettre en contexte. Et cela signifie qu’il faut tenir compte de la fréquence de la maladie dans son ensemble. Dans la partie de l’Iran où cette étude a eu lieu, les taux de cancer de l’œsophage sont élevés, donc quelque chose qui augmente ce risque, même un peu, aura un impact plus important.
Mais ici au Royaume-Uni, le cancer de l’œsophage est moins fréquent, représentant 3 nouveaux cas de cancer sur 100.
Donc, même si les boissons très chaudes peuvent augmenter le risque de cancer de l’œsophage chez une personne, les chances qu’elle développe ce cancer restent faibles, car il n’est pas très fréquent au Royaume-Uni.
Alors, que peuvent signifier ces résultats pour vous ?
Il est important de se rappeler que cette étude était basée sur des personnes vivant en Iran. Les traditions et les types de thé consommés en Iran peuvent être très différents de la façon dont la plupart des gens au Royaume-Uni boivent leur thé. Par exemple, les personnes ayant participé à l’étude buvaient du thé vert ou noir, alors qu’au Royaume-Uni, la plupart des gens ajoutent du lait froid à leur thé, ce qui le refroidit rapidement.
Si vous laissez votre thé refroidir pendant quelques minutes avant de le boire, même pendant son infusion, ou si vous ajoutez du lait froid, il est peu probable que vous augmentiez votre risque de cancer de l’œsophage.
Et si vous vous êtes accidentellement brûlé la bouche sur une boisson chaude à quelques reprises auparavant, il est peu probable que cela fasse une grande différence.
Les chercheurs disent dans leur étude que les boissons sont généralement consommées à des quantités et des températures plus modérées dans les populations occidentales, comme au Royaume-Uni.
Peut-être le plus important, la recherche montre qu’il y a d’autres choses que vous pouvez faire pour réduire votre risque de cancer de l’œsophage qui auront un impact plus important que de laisser tomber votre infusion du matin. Ne pas fumer, garder un poids sain et réduire la quantité d’alcool que vous buvez méritent plus d’attention que la température de votre thé.
Qu’en est-il de la recherche sur ce lien ?
Certaines études, basées dans d’autres endroits où traditionnellement les gens boivent des boissons très chaudes, comme la Chine, la Turquie et l’Amérique du Sud, ont trouvé un lien similaire. Mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre comment les boissons chaudes peuvent affecter le risque. Nous finançons également des recherches qui tentent de traquer des causes de cancer jusqu’alors inconnues dans des régions du monde présentant des taux élevés de certains cancers, dont le cancer de l’œsophage.
À ce jour, les chercheurs suggèrent que les boissons chaudes pourraient causer des dommages en brûlant les cellules. Cela peut conduire à une inflammation qui rend plus probable le développement d’un cancer. Ces tissus endommagés peuvent également devenir plus vulnérables à d’autres éléments susceptibles de provoquer un cancer, comme les produits chimiques contenus dans la fumée de tabac.
Mais, tant que vous dégustez votre thé à une température confortable et que vous le laissez refroidir un peu avant de le boire, vous ne devriez pas vous inquiéter d’augmenter votre risque en buvant des boissons chaudes.
Georgina Hill est responsable de l’information sanitaire à Cancer Research UK
.