Leave No Trace

Malgré le fait que Leave No Trace soit une éthique conservationniste largement acceptée, il y a eu un bon nombre de critiques. L’historien de l’environnement James Morton Turner a soutenu en 2002 que Leave No Trace concentrait l’attention des randonneurs « en grande partie sur la protection de la nature sauvage en tant que paysage récréatif » plutôt que de s’attaquer à des questions plus larges, telles que « l’économie moderne, le consumérisme et l’environnement ». Turner soutient également que cette éthique a omis le calcul qui la sous-tend et que le code lui-même, selon lui,  » a contribué à allier le randonneur moderne à l’industrie des loisirs en pleine nature  » en encourageant les randonneurs à pratiquer l’éthique Leave No Trace lorsqu’ils sont dans la nature et à garder un œil sur le logo de cette éthique dans les centres commerciaux.

Gregory Simon et Peter Alagona avaient un argument différent, affirmant dans un article de 2009 qu’il faudrait aller au-delà de Leave No Trace. Ils ont fait valoir que cette éthique « déguise beaucoup de choses sur les relations humaines avec la nature non humaine », car elle donne l’impression que les parcs et les zones sauvages sont une « nature vierge », ce qui, selon eux, « efface leur histoire humaine et empêche les gens de comprendre comment ces paysages se sont développés au fil du temps grâce à des interactions complexes entre l’homme et l’environnement ». À la place de cette éthique, ils affirment qu’il devrait y avoir une nouvelle éthique environnementale « qui transforme l’érudition critique des sciences sociales en une pratique critique des loisirs de pleine nature, qui s’attaque au système économique mondial… et qui réinvente les loisirs de pleine nature comme une forme d’action politique plus collaborative, participative, productive, démocratique et radicale ». Dans l’article, ils écrivent également comment certaines entreprises de l’industrie des loisirs de plein air et des magazines comme National Geographic soutiennent Leave No Trace (LNT), mais que dans les magasins de produits de loisirs de plein air comme REI, « le logo LNT devient à la fois une marque d’entreprise et un tampon d’approbation officiel ».

Les auteurs affirment également que parce que LNT « se concentre sur les impacts immédiats et locaux de l’utilisation récréative tout en ignorant les questions plus larges du changement dans le temps et des connexions à travers l’espace », il présente ce qu’ils considèrent comme « deux défauts conceptuels » : l’idée que la nature sauvage actuelle est dans un « état naturel et vierge » et l’occultation des « connexions spatiales entre ce qui se passe à l’intérieur des parcs et des zones sauvages et ce qui se passe à l’extérieur ». Les auteurs notent qu’en outre, cette éthique a une portée limitée, offrant « un code de conduite calibré à l’échelle géographique particulière, limitée et arbitraire des parcs et des zones de nature sauvage ». Ils formulent leur nouvelle éthique environnementale en élargissant le concept de LNT, sans le rejeter en bloc, en élargissant son « échelle spatiale au-delà des limites des parcs et des zones de nature sauvage… en élargissant la portée éthique de LNT pour y inclure les systèmes économiques mondiaux qui rendent possible la récréation dans la nature américaine contemporaine », en redéfinissant les recréateurs plutôt que « des sujets et des consommateurs éthiques passifs, pour en faire des participants actifs à des programmes de collaboration » et, en somme, « une vision plus démocratique, plus participative et plus radicale des loisirs de plein air en tant que forme d’action politique ». Vers la fin de l’article, les auteurs formulent les sept principes de ce qu’ils appellent  » Beyond Leave No Trace  » :

  1. S’éduquer et éduquer les autres sur les lieux que vous visitez
  2. Acheter seulement l’équipement et les vêtements dont vous avez besoin
  3. Prendre soin de l’équipement et des vêtements que vous avez
  4. Faire des choix consciencieux en matière de nourriture, d’équipement, et de vêtements
  5. Minimisez la production de déchets
  6. Réduisez la consommation d’énergie
  7. Participez à la conservation et à la restauration des lieux que vous visitez

Trois ans plus tard, Simon et Alagona ont répondu aux critiques de leur article de 2009 appelant à une approche  » Beyond Leave No Trace « . Ils ont fait valoir qu’ils n’étaient pas les premiers à explorer l’histoire du LNT, qu’ils ont « rejoint un chœur croissant de chercheurs » et, surtout, qu’ils « restent fermes dans leur adhésion à la valeur et au potentiel du LNT », mais qu’ils estiment que « cette simple éthique ne suffit pas dans un monde de circulation mondiale du capital où les biens que nous produisons et consommons pour profiter du plein air peuvent avoir des ramifications sociales et environnementales à long terme et de grande portée ». Tout en écartant les préoccupations des critiques, ils écrivent que, premièrement, Leave No Trace « ne pourrait pas exister sous sa forme actuelle sans une pléthore de produits de consommation » ; deuxièmement, que « l’utilisation de ces produits n’efface pas les impacts environnementaux » ; et troisièmement que LNT « occulte systématiquement ces impacts, déplacements et connexions en encourageant la fausse croyance qu’il est possible de « ne laisser aucune trace » ».

D’autres critiques du Leave No Trace ont fait valoir qu’il n’est pas pratique, qu’il déplace les impacts environnementaux vers d’autres endroits, qu’il « obscurcit les connexions entre les utilisations des produits de plein air et leurs impacts de production et d’élimination » et ont remis en question la mesure dans laquelle l’éthique affecte le comportement environnemental quotidien.

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