Homann a synthétisé le LSD pour la première fois en 1936, alors qu’il travaillait comme chimiste de recherche aux laboratoires Sandoz. À l’époque, cette société était importante dans le domaine de la chimie et avait inventé des substances comme la saccharine. Chez Sandoz, il est chargé de travailler avec des plantes médicinales pour isoler, purifier et synthétiser leurs composés actifs pour des produits pharmaceutiques. Ses études sur l’ergot, un champignon du seigle, et ses différents composés actifs, ont conduit à la création de plusieurs composés d’acide lysergique, et sa 25e tentative a été judicieusement nommée LSD-25. « J’avais planifié la synthèse de ce composé avec l’intention d’obtenir un stimulant circulatoire et respiratoire », écrit Hofmann dans son livre. « La nouvelle substance, cependant, n’a suscité aucun intérêt particulier chez nos pharmacologues et nos médecins ; les essais ont donc été interrompus. »
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Cinq ans ont passé, et le LSD-25 est resté sur l’étagère. Hofmann a continué son travail, mais il ne pouvait pas se défaire du sentiment que le LSD-25 pouvait avoir d’autres propriétés qui avaient été manquées lors des tests initiaux. Sur une intuition, il l’a resynthétisé le 16 avril 1943. Ce jour-là, dans le laboratoire, il absorbe accidentellement environ 20 microgrammes de LSD-25 dans sa peau et note dans son journal qu’il vit une expérience remarquable, qu’il ne peut que relier à la substance.
Quelques jours plus tard, le 19 avril, Hofmann pousse son expérience plus loin et ingère 250 microgrammes de LSD-25, à la connaissance de son assistant. La journée s’est déroulée rapidement, et son journal a marqué les changements. Il s’est administré une dose à 16h20, en diluant les 250 microgrammes de cristal dans 10cc d’eau et a noté qu’il n’avait aucun goût. À 17 heures, il a ajouté : « Début de vertiges, sentiment d’anxiété, distorsions visuelles, symptômes de paralysie, envie de rire. » Le journal est devenu noir après cela. Deux jours plus tard, il ajouta que son voyage avait été le plus intense de 18 à 20 heures – et que pendant cette période, il était rentré chez lui à vélo.
En 1943, les restrictions sur les véhicules en temps de guerre interdisent les voitures personnelles sur la route, Hofmann n’avait donc pas d’autre choix que de rentrer chez lui sur deux roues – même s’il avait, par chance, demandé à son assistant de le raccompagner. Pendant ce fameux trajet à vélo, Hofmann a vraiment exploité les effets psychiques de la drogue. Son assistant a déclaré qu’ils étaient rentrés chez eux en toute sécurité et à un rythme rapide, et Hofmann a relaté l’événement avec force détails dans son livre. « Des images fantastiques et kaléidoscopiques déferlaient sur moi, alternant, variant, s’ouvrant puis se refermant en cercles et en spirales, explosant en fontaines colorées, se réorganisant et s’hybridant en flux constant », écrit-il. « Il était particulièrement remarquable de voir comment chaque perception acoustique, comme le bruit d’une poignée de porte ou d’une automobile qui passe, se transformait en perceptions optiques. Chaque son générait une image changeant vivement, avec sa propre forme et couleur cohérente. »
Une découverte étonnante, Hofmann ne criait pas exactement sur les toits tout de suite, même s’il savait que le LSD-25 était significatif. Malheureusement, même après des décennies de recherche par des scientifiques et des agences gouvernementales, le LSD a été contraint à la clandestinité par la prohibition en 1966. « Pour Albert, le LSD était son enfant prodige qui est devenu un enfant à problèmes », explique Rick Doblin, fondateur et directeur exécutif de la Multidisciplinary Association for Psychedelic Studies (MAPS), basée en Californie. « Aujourd’hui, le LSD est à peu près au tiers de son chemin pour être à nouveau considéré comme un enfant prodige avec un potentiel problématique lorsqu’il est pris sans soutien suffisant et sans travail d’intégration. L’intérêt étonnant pour le microdosage crée une nouvelle réputation positive pour le LSD dans un nouveau contexte. »
De nombreux éducateurs et scientifiques sont restés positifs à l’égard du LSD au fil des ans, et en 1985, Thomas B. Roberts, professeur de psychologie de l’éducation à l’Université de l’Illinois du Nord, a créé le 19 avril comme Journée de la bicyclette, une journée spéciale pour rassembler la communauté psychédélique et commémorer le moment épique de la découverte de soi de Hofmann.
Le LSD continue de trouver de l’importance dans les cercles scientifiques et sociaux du monde entier. « Avec le défi du nationalisme, du fondamentalisme et des maladies mentales, le LSD est plus important en 2018 que jamais », déclare Doblin. « Le LSD est un outil d’exploration de nos mondes intérieurs où l’avenir de la capacité de notre espèce à prospérer sur cette planète sera déterminé. »
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